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Liège, Belgium
Né à Bruxelles dans une famille d'origine grecque, turque, albanaise et bulgare. Etudes secondaires gréco-latines. Licence en Histoire de l'art, Archéologie et Musicologie de l'Université de Liège. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation. Ancien journaliste à La Libre Belgique et La Gazette de Liège. Actuellement Chargé de mission développement et médias à l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Directeur artistique-adjoint du Festival des Nuits de Septembre. Enseigne l'Histoire sociale de la musique aux Alumni de l'Université de Liège.

mercredi 16 avril 2008

Salzbourg, un musée glacé de la mort?

Provocateur misanthrope dont la vie fut émaillée de maints scandales et d'altercations violentes, Thomas Bernhard est sans doute le plus grand écrivain autrichien de la 2e moitié du XXe siècle. Il a laissé une oeuvre obsédée par la maladie, la folie, la hantise de la destruction et la mort. Ses textes sont à jamais marqués par les horreurs de cette Autriche que dominent le parti social-démocrate et le parti populaire (SPÖ et ÖVP), pavant la voie du nazisme le plus écoeurant et du populisme abject. Pour Bernhard, l'écriture est une thérapie qui le purge de ses meurtrissures obsessionnelles et lui ôte le goût du suicide (sa monomanie). Elle est un maelström intellectuel puissant qui cherche à faire tomber le masque des trahisons humaines, des plus mesquines aux plus abjectes.

Outre ses poèmes - dans la lignée de son compatriote salzbourgeois Georg Trakl -, outre ses romans et son théâtre, Bernhard a produit cinq proses autobiographiques dont L'Origine (1975) est le premier volet. Ce premier tome, totalement captivant, ne commence pas par un exposé des antécédents familiaux. L’origine qui y est décrite est celle du mal que le narrateur contracte à l'âge de treize ans, à Salzbourg, en 1943, lorsque ses parents l'inscrivent à l’internat national-socialiste de la Schrannengasse. A partir de ce moment, une relation destructrice avec la ville commence, elle le réduit à un « état maladif » extrême dans la mesure où Salzbourg "s'est ingéniée à maltraiter son esprit et son âme" car son atmosphère est "un musée glacé de la mort". Dans cet internat, Bernhard ressent un état d'abandon et une forte rancune à l'égard de ses parents qui l'ont plongé dans un enfer dirigé par Grünkranz, un infâme nazi.

S'il narre sa souffrance face à l'inhumanité de cette expérience, s'il décrit son désarroi et ses tentatives avortées de suicide, l'auteur s'épanche également sur l'angoisse collective provoquée par la guerre notamment lors de ces alertes et ces raids aériens qui poussent les habitants vers les galeries creusées dans les collines de la ville, parfois le tombeau de ceux qui y meurent par asphyxie ou par peur. Il rappelle aussi que l'Eglise, dans sa charité universelle, s'obstine à refuser une sépulture aux cadavres des familles athées. Bernhard évoque encore les effondrements architecturaux qui éventrent la cité et qui exercent chez lui une fascination esthétique étrange ("une monstruosité ressentie comme une beauté"), comme s'il y avait une jubilation ou un goût de la destruction. Il parle enfin du sentiment d'amour à l'égard des Salzbourgeois, sentiment qui ne naît que parce que ces êtres, en temps normal abhorrés, souffrent devant la machine à broyer l'humain qu'est la guerre : "au comble de la détresse, cette ville était soudainement ce qu'elle n'avait jamais été : une nature vivante bien que désespérée en tant qu'organisme urbain".

Cet amour inédit ne durera pas. A la sortie de la guerre, la ville se reconstruit, panse ses plaies. Bernhard a quinze ans. L'internat nazi fait place désormais au lycée catholique, le portrait d'Hitler a été remplacé par le crucifix, l'horrible Grünkranz est devenu l'abbé Franz (Oncle Franz), aux chants nazis se sont substitués des hymnes de louange à Dieu. Mais la "machine à dévaster le sentiment et le caractère est restée la même" car existent toujours "les crimes capitaux commis sur des êtres en croissance", à savoir, les enseignements ennemis de l'esprit, conçus par des professeurs corrompus pour abêtir le peuple. Avant, il y avait les mensonges de la propagande nazie, à présent il y a ceux de l'histoire catholique. Et de terminer sur l'idée que le lycée est une entreprise "catastrophale destinée à mutiler" la société, non à l'éclairer, car "éclairer la société serait anéantir ses gouvernements".

Gonflé à bloc, Thomas Bernhard quitte le lycée pour s'inscrire comme apprenti dans un atelier. Commence un exil volontaire de plusieurs années loin de Salzbourg. A son retour, il constate que les citoyens n'ont plus souvenance des atrocités de la guerre, qu'ils ont pratiqué la plus criminelle des lâchetés, le devoir d'oubli. Salzbourg a beau se doter d'un prestigieux festival, ce n'est qu'une imposture supplémentaire : "Cette ville a l'hypocrisie pour fondement, c'est l'ineptie qui est sa plus grande passion, et l'on extermine l'imagination, partout où elle peut apparaître. Salzbourg est une façade perfide sur laquelle le monde peint sans interruption sa mystification et derrière laquelle l'esprit (ou l'individu) créateur doit nécessairement s'étioler, dépérir ou mourir à petit feu". Un constat virulent qui rappelle, mutatis mutandis, les récriminations d'un Mozart sur sa ville natale, deux siècles plus tôt.

L'Histoire comme éternel recommencement...?

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