
http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/pas_dus/p1207833886739.htm
Les cinq premiers cours répondent à une structuration particulière. Dusapin précise :
« J’ai organisé mes cinq premiers cours sur les notions suivantes : décomposer, recomposer, dériver, courber, relier, détourner greffer. Ces notions exprimées par des infinitifs un peu péremptoires ne relèvent pas d’un programme voire d’un quelconque système de ma musique ni même d’une ambition spéculative ou doctrinale mais se réfèrent à des gestes de construction et de composition musicale ».
Dans ces cinq premières leçons, Dusapin tente de démontrer ce qui l’a poussé à écrire une œuvre, avant d’envisager les techniques de constructions qui précèdent la construction d’une forme ou de définir les décisions qui le mènent à choisir tel timbre, telle vitesse, telle échelle mélodique. Nourri de sciences et de littérature, le compositeur développe aussi des concepts plus inattendus comme le « topos » » où il développe les notions de « lieu de la musique », de « l’espace de sa représentation mentale », de l’« espace du son », d’« espace de la vitesse du son », « l’espace de sa représentation » (l’écriture) qui sont au coeur de ses réflexions.
Les leçons finales sont axées sur ses opéras. Dusapin montre comment ses trois premières oeuvres lyriques sont des objets opératiques militants éloignés de contingences musicales, autrement dit, des pièces où le travail philosophique et littéraire prime sur la musique. Avec Perelà Uomo di fumo , Dusapin, inverse les codes, le texte d'Aldo Palazzeschi suscitant un désir musical sans précédent, une réflexion artistique inédite.
Qu'il évoque sa musique de chambre, sa musique pour piano ou ses opéras, Pascal Dusapin est toujours passionnant. A la croisée de la musique et de la philosophie, sa pensée est souvent dense mais toujours argumentée avec intelligence et sensibilité. Qualité suprême, elle ne tombe jamais dans cet intellectualisme jargonnant, ce pédantisme incompréhensible que l'on retrouve chez des mandarins de la musicologie ou de l'analyse musicale actuelle comme Danielle Cohen ou Michaël Lévinas. N'est pas génial qui veut...
4 commentaires:
Qualité suprême, elle ne tombe jamais dans cet intellectualisme jargonnant, ce pédantisme incompréhensible que l'on retrouve chez des mandarins de la musicologie ou de l'analyse musicale actuelle comme Danielle Cohen ou Michaël Lévinas. N'est pas génial qui veut...
Bien d'accord (et j'en citerai d'autres), je n'ai jamais compris une grande partie des musicologues français (parisiens surtout lol ) qui versent dans l'(intellectualisme caricatural...
@ Pierre-Jean
Pour illuster ce côté caricatural que tu évoques, voici un extrait tiré d'un ouvrage de Danielle Cohen, que je regrette d'avoir acheté : "Le présent de l'opéra au XXe siècl. Chemin vers les nouvelles utopies".
"Le concept de déclin de l'aura a révélé un tournant décisif pour la modernité de la théorie esthétique. Tout d'abord, par son caractère prophétique, il prévoit, suite à l'émancipation des arts dans la seconde moitié du XXe siècle, la critique de l'idéologie en même temps que son advenir dans l'oeuvre. Ainsi, pour Benjamin, l'idée de modernité ourdit dans l'idée d'une perte synonyme de gain. L'oeuvre d'art contemporaine revendique le droit de penser, voire, de formuler une réalité dont elle se dissocie pour gagner une singularité historique. Si elle nous interpelle au coeur d'une pratique esthétique, c'est parce qu'elle détient le secret de l'idée. Une voi(x)e onthologique de l'esthétique s'ouvrirait dans le penser de l'oeuvre qui animerait nos convictions." etc.
Si tu comprends ce que cela veut dire, je veux bien quelques explications, mon entendement a vraiment des limites...
Si vous connaissez "Le gouffre et l'enchantement" de Michel Ribon, je veux bien un avis aussi sur la pertinence de tels propos, qui croisent "l'esthétique" et la musique : des considérations qui me semblent fantaisistes et relèvent plus (selon moi) de la poésie inutile que de la recherche scientifique.
C'est un peu pareil avec un Rémy Stricker (son livre sur Mozart en particulier, moins le Berlioz)dont l'approche par moment se limite à un relevé poétique des impressions, des sensations ressenties. Cela n'a pas de valeur scientifique pour autant. Le pire, cela reste les ouvrages dits "musicologiques" écrits par certains journalistes (Le Lied allemand d'André Tubeuf par exemple).
Enregistrer un commentaire