Lorsqu’on cite le nom de Matthieu Galey (1934-1986), on pense inévitablement aux entretiens avec Marguerite Yourcenar, édités sous le titre Les Yeux ouverts en 1980. Une publication qui attira la colère de l’auteur des Mémoires d’Hadrien, par les libertés que ce jeune critique littéraire à l’Express et au Combat s’étaient autorisées en divulguant ce qu’il valait mieux pour l’écrivaine, moins maîtresse d'elle-même que de coutume, de taire.
L’excellente émission « Une vie, une œuvre » diffusée jeudi dernier sur France Culture consacrait un portrait très réussi à ce dandy proustien, membre du comité de lecture chez Grasset, qui fréquentait les salons mondains de Paris où il côtoya les grands écrivains français de son époque, à commencer par Jacques Chardonne, Henry de Montherlant, Julien Gracq, Marcel Jouhandeau ou Louis Aragon. En 1986, un an après sa mort (il fut emporté par la maladie de Charcot), paraissent à titre posthume les deux tomes de son Journal, des pages corrosives qui dénoncent les travers des milieux littéraires parisiens et relatent ses différentes expériences sexuelles.
L’émission - podcastable encore quelques jours - rassemble des témoignages passionnants, ceux de Pierre Joxe (ancien ministre de l’Intérieur français qui fut l’ami d’enfance de Galey), Jean-Claude Fasquelle (ancien PDG des éditions Grasset), Herbert Lugert (l’un des deux compagnons de Galey) ou encore Geneviève Galey (la sœur du critique, réalisatrice du journal de TF1).
Le lien : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/vie_oeuvre/index
Qui êtes-vous ?
- Stéphane DADO
- Liège, Belgium
- Né à Bruxelles dans une famille d'origine grecque, turque, albanaise et bulgare. Etudes secondaires gréco-latines. Licence en Histoire de l'art, Archéologie et Musicologie de l'Université de Liège. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation. Ancien journaliste à La Libre Belgique et La Gazette de Liège. Actuellement Chargé de mission développement et médias à l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Directeur artistique-adjoint du Festival des Nuits de Septembre. Enseigne l'Histoire sociale de la musique aux Alumni de l'Université de Liège.
1 commentaire:
Afin de donner une idée de tout le talent de Galey, citons cet extrait du Journal rédigé à l’occasion de la réception de Marguerite Yourcenar à l’Académie Française, après sa brouille avec l'écrivaine (Marguerite avait tenté en vain de faire interdire la parution des "Yeux ouverts") :
« 1er février. Ce fut un véritable show que cette réception. Tout à fait insolite. Rien d’une réception académique. Quelque chose comme une intronisation du Tastevin ou le jubilé de la reine Victoria. Grande houppelande de velours noir avec un col blanc et un châle également blanc sur la tête, l’entrée de Marguerite est assez stupéfiante. Un sacre… au son du tambour. Une tertiaire de saint François, suivie d’un prêtre, le révérend père Carré ou une vieille impératrice, jugée en haute cour par tous ces bizarres magistrats à queue verte. Avec leur allure d’insecte, cela donnait l’impression d’une mystérieuse frairie comme si cette grosse termite, fécondée par ces insectes vibrionnants autour d’elle, allait pondre des œufs, sous l’œil du couple présidentiel impassible sur ses fauteuils Louis XV ».
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