Qui êtes-vous ?

- Stéphane DADO
- Liège, Belgium
- Né à Bruxelles dans une famille d'origine grecque, turque, albanaise et bulgare. Etudes secondaires gréco-latines. Licence en Histoire de l'art, Archéologie et Musicologie de l'Université de Liège. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation. Ancien journaliste à La Libre Belgique et La Gazette de Liège. Actuellement Chargé de mission développement et médias à l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Directeur artistique-adjoint du Festival des Nuits de Septembre. Enseigne l'Histoire sociale de la musique aux Alumni de l'Université de Liège.
dimanche 23 janvier 2011
Le romeyka : le chaînon manquant du grec ancien ?
Mme Sitaridou a déclaré la chose au début du mois de janvier 2011 dans le journal The Independant : " le romeyka conserve un nombre impressionnant de traits grammaticaux proche du grec antique, des traits complètement disparus dans les différentes variétés de grec moderne ". Selon elle encore, certaines utilisations de l'infinitif (que le grec moderne n'utilise plus) sont par exemple présentes dans le romeyka. Elles s'expliquent par l'isolement géographique et culturel de la population. Les villageois qui parlent le romeyka (langue qui n'a pas de forme écrite) montrent d'autres signes d'isolement : ils ne se marient pas en dehors de leur communauté, ils jouent une musique ethnique inaudible ailleurs. Toujours selon Ioanna Sitaridou, les gens de cette communauté sont soit les descendants directs d'anciens Grecs qui vivaient le long de la côte de la mer Noire depuis le VIIe ou le VIe siècle ACN soit les descendants d'indigènes ou d'une tribu d'immigrants qui ont été encouragés ou forcés à parler la langue au moment de la colonisation grecque. Ces 5.000 Grecs qui parlent aujourd'hui le romeyka sont de fervents musulmans. Leur confession justifie sans doute qu'ils aient échappé à l'échange entre les populations grecques et turques imposées par le traité de Lausanne en 1923.
L'affirmation selon laquelle le romeyka est le dialecte le plus proche du grec ancien est prise avec beaucoup de pincettes par les specialistes de la langue grecque. Deux éminents linguistes grecs, l'un à l'Université de Patras, l'autre à l'Université de Thessaloniki estiment que les échantillons syntaxiques étudiés sont insuffisants pour permettre une telle conclusion. Ils savent aussi que d'autres dialectes grecs utilisent l'infinif ce qui est une des raisons pour lesquelles ont ne peut affirmer que le romeyka est d'office le dialecte le plus proche du grec ancien.
Qu'il soit le dialecte le plus archaïque ou non, l'étude du romeyka permettra néanmoins de comprendre un peu mieux l'évolution de la langue grecque antique et de mieux aborder rétrospectivement certaines particularités du grec ancien. le romeyka sera également mis en parallèle avec le grec de l'époque hellénistique et romaine afin d'en dégager les similitudes et les différences.
mardi 11 janvier 2011
Cohn-Bendit au secours de la Grèce
jeudi 6 janvier 2011
Flery Dandonaki, la muse de l'éternité

En 1971, elle chante en concert Jacques Brel. A la pause du spectacle, Manos Hadjidakis, l’auteur des Enfants du Pirée, fasciné par sa voix, lui rend visite dans sa loge. Flery incarne pour lui l’essence de la musique. Elle devient son interprète de prédilection, son unique hégérie jusqu’à sa mort. Elle accepte d’enregistrer pour lui une partie du cycle « Ο Μεγάλος Ερωτικός » (Le Grand Amour) en 1972, avant de continuer, en 1975, avec « Καπεταν Μιχαληs » (Capitaine Mihalis).
S’il fallait retenir un album pour découvrir son art, ce serait « Liturgika », enregistré en 1991 avec Hadjidakis au clavier. Sur ce disque, sa voix profonde, âpre et voilée semble remonter aux sources du chant. Elle est pudeur sacrée : c'est la voix d'une vestale. Elle est ivresse mystique : c'est la mélopée d'une muse. Flery a une manière unique de suspendre le temps, de disloquer le rythme, de rendre infinies les mélodies de Vamvakaris, Tsitsanis ou Papaïoannou (cf. Aνοιξε, άνοιξε γιατί δεν αντέχω infra). Avec elle, les pages dramatiques du rebetiko ont une allure intemporelle, elles se métamorphosent en tragédies miniatures, elles sont déclamées avec tous les apparats éthérés d'un chant religieux. La magie opère d'autant plus que l'accompagnement de Manos Hadjidakis est comme envoûté par cette voix des origines : le compositeur effleure le piano, les doigts égrènent les touches du clavier comme les graines d'un komboloï. Manos donne l'impression de ne pas y toucher et l'instrument, presque désaccordé, paraît lointain, aérien, irréel...
La fragilité de Flery l’oblige à quitter les lumières de la scène. Elle se retire
du monde et sombre petit à petit dans la folie. Un cancer l’emporte à l’âge de 60 ans. Le monde l'a entre-temps oubliée...
Flery Dandonaki - Φραγκοσυριανη