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Liège, Belgium
Né à Bruxelles dans une famille d'origine grecque, turque, albanaise et bulgare. Etudes secondaires gréco-latines. Licence en Histoire de l'art, Archéologie et Musicologie de l'Université de Liège. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation. Ancien journaliste à La Libre Belgique et La Gazette de Liège. Actuellement Chargé de mission développement et médias à l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Directeur artistique-adjoint du Festival des Nuits de Septembre. Enseigne l'Histoire sociale de la musique aux Alumni de l'Université de Liège.

dimanche 23 janvier 2011

Le romeyka : le chaînon manquant du grec ancien ?

Une linguiste de l'Université de Cambridge, Ioanna Sitaridou, affirme qu'une communauté isolée d'un village turc au bord de la Mer Noire parlerait le dialecte grec le plus proche du grec ancien. Ce dialecte, le romeyka, est utilisé par 5.000 personnes logeant près de Trabzon (l'antique Trébizonde), dans ce qui était autrefois l'ancienne région du Pont, une colonie grecque que Jason et les Argonautes sont censés avoir visité pour récupérer la Toison d'Or en Colchide (l'actuelle Géorgie).

Mme Sitaridou a déclaré la chose au début du mois de janvier 2011 dans le journal The Independant : " le romeyka conserve un nombre impressionnant de traits grammaticaux proche du grec antique, des traits complètement disparus dans les différentes variétés de grec moderne ". Selon elle encore, certaines utilisations de l'infinitif (que le grec moderne n'utilise plus) sont par exemple présentes dans le romeyka. Elles s'expliquent par l'isolement géographique et culturel de la population. Les villageois qui parlent le romeyka (langue qui n'a pas de forme écrite) montrent d'autres signes d'isolement : ils ne se marient pas en dehors de leur communauté, ils jouent une musique ethnique inaudible ailleurs. Toujours selon Ioanna Sitaridou, les gens de cette communauté sont soit les descendants directs d'anciens Grecs qui vivaient le long de la côte de la mer Noire depuis le VIIe ou le VIe siècle ACN soit les descendants d'indigènes ou d'une tribu d'immigrants qui ont été encouragés ou forcés à parler la langue au moment de la colonisation grecque. Ces 5.000 Grecs qui parlent aujourd'hui le romeyka sont de fervents musulmans. Leur confession justifie sans doute qu'ils aient échappé à l'échange entre les populations grecques et turques imposées par le traité de Lausanne en 1923.

L'affirmation selon laquelle le romeyka est le dialecte le plus proche du grec ancien est prise avec beaucoup de pincettes par les specialistes de la langue grecque. Deux éminents linguistes grecs, l'un à l'Université de Patras, l'autre à l'Université de Thessaloniki estiment que les échantillons syntaxiques étudiés sont insuffisants pour permettre une telle conclusion. Ils savent aussi que d'autres dialectes grecs utilisent l'infinif ce qui est une des raisons pour lesquelles ont ne peut affirmer que le romeyka est d'office le dialecte le plus proche du grec ancien.

Qu'il soit le dialecte le plus archaïque ou non, l'étude du romeyka permettra néanmoins de comprendre un peu mieux l'évolution de la langue grecque antique et de mieux aborder rétrospectivement certaines particularités du grec ancien. le romeyka sera également mis en parallèle avec le grec de l'époque hellénistique et romaine afin d'en dégager les similitudes et les différences.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cher Stéphane,si l'étude du romeyka est intéressante pour comprendre l'évolution du grec ancien, il me semble qu'elle est aussi essentielle pour donner un éclairage sur l'histoire de cette petite enclave grecque en Turquie.
Avec mes amitiés
Marianne