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Liège, Belgium
Né à Bruxelles dans une famille d'origine grecque, turque, albanaise et bulgare. Etudes secondaires gréco-latines. Licence en Histoire de l'art, Archéologie et Musicologie de l'Université de Liège. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation. Ancien journaliste à La Libre Belgique et La Gazette de Liège. Actuellement Chargé de mission développement et médias à l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Directeur artistique-adjoint du Festival des Nuits de Septembre. Enseigne l'Histoire sociale de la musique aux Alumni de l'Université de Liège.

jeudi 6 janvier 2011

Flery Dandonaki, la muse de l'éternité

Flery Dandonaki. Un nom inconnu dans nos contrées nordiques. L'une des plus belles voix de la Grèce, décédée le 18 juillet 1998. Et un destin particulier. De son vrai nom Eleutheria Papadandonaki, elle part aux Etats-Unis au début des années soixante afin d'y étudier l'histoire et la littérature. Elle fait ses premiers pas à Broadway. Le New York Times la remarque, la comparant bientôt à une Lisa Minnelli grecque. Dès 1965, la maison de disque Vanguard produit son tout premier enregistrement, « Flery », un recueil de chansons populaires de Papaïoannou, Gavalas, Attalides et Kazantzidis. Le succès est immédiat.

En 1971, elle chante en concert Jacques Brel. A la pause du spectacle, Manos Hadjidakis, l’auteur des Enfants du Pirée, fasciné par sa voix, lui rend visite dans sa loge. Flery incarne pour lui l’essence de la musique. Elle devient son interprète de prédilection, son unique hégérie jusqu’à sa mort. Elle accepte d’enregistrer pour lui une partie du cycle « Ο Μεγάλος Ερωτικός » (Le Grand Amour) en 1972, avant de continuer, en 1975, avec « Καπεταν Μιχαληs » (Capitaine Mihalis).

S’il fallait retenir un album pour découvrir son art, ce serait « Liturgika », enregistré en 1991 avec Hadjidakis au clavier. Sur ce disque, sa voix profonde, âpre et voilée semble remonter aux sources du chant. Elle est pudeur sacrée : c'est la voix d'une vestale. Elle est ivresse mystique : c'est la mélopée d'une muse. Flery a une manière unique de suspendre le temps, de disloquer le rythme, de rendre infinies les mélodies de Vamvakaris, Tsitsanis ou Papaïoannou (cf. Aνοιξε, άνοιξε γιατί δεν αντέχω infra). Avec elle, les pages dramatiques du rebetiko ont une allure intemporelle, elles se métamorphosent en tragédies miniatures, elles sont déclamées avec tous les apparats éthérés d'un chant religieux. La magie opère d'autant plus que l'accompagnement de Manos Hadjidakis est comme envoûté par cette voix des origines : le compositeur effleure le piano, les doigts égrènent les touches du clavier comme les graines d'un komboloï. Manos donne l'impression de ne pas y toucher et l'instrument, presque désaccordé, paraît lointain, aérien, irréel...

La fragilité de Flery l’oblige à quitter les lumières de la scène. Elle se retire
du monde et sombre petit à petit dans la folie. Un cancer l’emporte à l’âge de 60 ans. Le monde l'a entre-temps oubliée...

Flery Dandonaki - άνοιξε, άνοιξε γιατί δεν αντέχω


Flery Dandonaki - Φραγκοσυριανη

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci. Des amis grecs m'ont fait découvrir Flèry Dandonaki il y a longtemps, on parle trop peu d'elle. Il existe un documentaire grec sur sa vie, que je n'ai jamais vu.

Grèce à l'Ouest a dit…

Bonjour, je viens de découvrir votre blog via une recherche sur le zebekiko. J'ai apprécié ce que vous disiez de Jacques Lacarrière et trouvé très intéressant votre histoire avec la chanson et musique grecque. Pour la part, je suis "grecque de culture" à la vie à la mort ! Je n'avais jamais entendu parler de cette chanteuse : merci de la faire redécouvrir.

Stéphane DADO a dit…

Il y en a encore beaucoup d'autres à faire découvrir... Patience...

Cordialement...

St.D.