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Liège, Belgium
Né à Bruxelles dans une famille d'origine grecque, turque, albanaise et bulgare. Etudes secondaires gréco-latines. Licence en Histoire de l'art, Archéologie et Musicologie de l'Université de Liège. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation. Ancien journaliste à La Libre Belgique et La Gazette de Liège. Actuellement Chargé de mission développement et médias à l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Directeur artistique-adjoint du Festival des Nuits de Septembre. Enseigne l'Histoire sociale de la musique aux Alumni de l'Université de Liège.

samedi 8 novembre 2008

Qalb Lozé, Qirqbizé et Antioche

Si mon tempérament citadin se satisfait de l'agitation urbaine, j'avoue avoir aussi un faible pour l'arrière-pays alépin. Sa nature exceptionnelle, caillouteuse et vallonnée, teintée du rouge sang de sa terre ferrugineuse, est ombragée par une infinité d'oliviers ravissants qui font la fierté de la nation. La région est parsemée de centaines de "villes mortes", des villages byzantins conçus entre le Ve et le XIIe siècle et mystérieusement désertés en plein Moyen-Âge, qui livrent des architectures de pierre fascinantes. J'ai eu l'occasion de retrouver Qalb Lozé (littéralement le "cœur de l'amande"), siège de la première église chrétienne de Syrie, une magnifique basilique à trois nefs perdue dans les montagnes et décorées de moulures florales d'une finesse exquise). Le lieu, d'une tranquilité inouïe s'anime lorsqu'un étranger s'y arrête. Des dizaines d'enfants druzes sortent alors de je ne sais où pour quémander tantôt un stylo, tantôt des bonbons ou quelque sou encore.

A deux pas de Qalb Lozé, mon taxi nous arrête au village-fantôme de Qirqbizé dont l'église du IVe siècle est remarquablement conservée. Au loin une nature vaste et silencieuse qui porte le regard vers la Turquie. Celle-ci est est d'ailleurs à notre programme, nous partons une journée durant voir Antioche (un vieux rêve), ville mythique à 105 km de Alep (il faut compter trois heures pour y arriver), qui s'avère tout de même un rien décevante, traversée par un Oronte pollué et transformée en bourgade moderne sans grand charme. Qu'à cela ne tienne, nous sommes contents de pouvoir parler en turc (privilège qu'Alep accorde également) et de faire un détour par le très riche musée des mosaïques romaines (principalement des pièces du IIe au Ve siècle PCN) comme par la Sampiere Kilisse (l'église de Saint-Pierre), le tout premier édifice religieux de la chrétienté, creusé dans une paroi montagneuse à l'abri des regards. Sans avoir la foi, on ne peut que vibrer à l'intérieur de cette caverne verdâtres, couverte de mousses, d'un pavement de mosaïques fortement endommagées et d'un autel de pierre où sont gravés l'Alpha et l'Oméga.

Après plusieurs jours de visites intenses, je rentre émerveillé par tant de beautés et par des rencontres d'une inoubliable humanité, prêt toutefois à boucler mes bagages pour un imminent départ à Salonique, à la découverte de la Macédoine et des lieux qui ont bercé l'enfance de ma mère.

1 commentaire:

Vincent B: a dit…

Je suis un français vivant en Turquie depuis 20 ans.
Mes voisins sont arméniens de Samandag, a quelques kilometres d'Antioche. J'adore les montagnes autour de l'impersonnelle et défiguree Antakya. Il reste un tout petit peu de l'esprit de la ville au centre et je suis toujours fascine dans le bazar par la façon dont on fabrique les sortes de spaghettis pour fabriquer le "tel kadayif".
Bonne Thrace. (ambiance Angelopoulos).