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Liège, Belgium
Né à Bruxelles dans une famille d'origine grecque, turque, albanaise et bulgare. Etudes secondaires gréco-latines. Licence en Histoire de l'art, Archéologie et Musicologie de l'Université de Liège. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation. Ancien journaliste à La Libre Belgique et La Gazette de Liège. Actuellement Chargé de mission développement et médias à l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Directeur artistique-adjoint du Festival des Nuits de Septembre. Enseigne l'Histoire sociale de la musique aux Alumni de l'Université de Liège.

lundi 12 mai 2008

Londres l'avant-gardiste

Tout comme Berlin et Barcelone, Londres, dans sa démesure, est à la mesure de l'homme. Son modèle urbanistique a toujours réservé aux citoyens une part importante d'espaces culturels et de loisirs ; ces espaces restent aujourd'hui une priorité, ils conditionnent l'aménagement de chaque nouveau quartier ou la réhabilitation de zones peu reluisantes. Il est étonnant de voir par exemple comment, en quelques années, des coins peu fréquentables comme Southbank ou Bankside sont devenus des espaces culturels et lieux ludiques à la mode, grâce au développement de musées (la Tate Modern n'est pas le moindre), de galeries, de circuits de promenades, de cinémas (dont l'Imax), de restaurants où toutes les ethnies et classes sociales se rencontrent. Il est clair que Londres, bien que capitale de la finance, se développe comme une ville-espace d'émulation et d'intégration qui n'a rien en commun avec les villes-machines de l'ère industrielle (imaginées notamment par Le Corbusier) ou avec les mégapoles impersonnelles vouées au "tout à l'économie" du continent asiatique lesquelles occasionnent généralement les ségrégations sociospatiales, la ghettoïsation, le développement de "prisons dorées" pour les classes aisées. Les frontières entre lieux de cultures et lieu de détente sont dans certains cas remarquablement abolies, les Anglais n'ont aucun scrupule à mélanger les genres. L'une des expériences les plus marquantes a été réalisée à la Tate Britain, ouverte le vendredi et le samedi jusqu'à 22h, une nocturne qui permet d'entendre (assez fort) dans tout le musée une musique électronique d'avant-garde proposée par deux dj's. Dans une des salles de la Tate, un bar à alcool est aménagé au milieu des tableaux du XIXe à l'avant d'un écran géant qui diffuse des clips branchés. D'autres salles, éclairées la journée, sont plongées dans l'obscurité, seule une discrète lumière illumine les sculptures exposées, d'autres encore sont garnies de fauteuils confortables et conviviaux qui invitent à la rêverie comme à la conversation. Cette conception, inimaginable sur le continent, a le mérite d'attirer une quantité impressionnante de jeunes (dans un quartier, Pimlico, pourtant austère) qui passe sans complexe du divertissement à la culture et fait de la culture un divertissement.

Autre élément fascinant à Londres, sa manière de concilier admirablement modernité et patrimoine ancien, la ville intègre dans ses zones historiques, des architectures contemporaines de qualité dont la variété esthétique doit certes heurter les adeptes de l'unitarisme stylistique mais qui permet à la ville d'être constamment dans le train de la modernité. Chaque nouvelle visite de Londres réserve d'excellentes surprises, et cela ne semble pas près de s'arrêter compte tenu du nombre de chantiers en cours. Le dernier chef-d'oeuvre en date est incontestablement le "bureau Palestra" conçu par l'architecte britannique William Alsop au coin de Union Street et de Blackfriars Roadface (près de la station de métro Southwark).


La capitale anglaise reste à l'avant-garde des gratte-ciel les plus fous et ne se prive pas d'exposer avec fierté le projet des six grandes réalisations architecturales à venir :

1. la Bishopsgate Tower (288 m), par le bureau d'architectes new-yorkais Kohn Pedersen Fox Associates, immeuble à bureaux doté de 2 000 m² de panneaux solaires.

2. la London Bridge Tower (surnommée "The Shard London Bridge") (306 m), par Renzo Piano.

3. la Colombus Tower (237 m), par le bureau d'architectes DMWR (Douglas Marriott, Worby et Robinson ).

4. le Cheesegrater (225 m), par Richard Rogers.

5. le Minerva Building (surnommé "The Razor") (217 m), par Nicholas Grimshaw.

6. la Heron Tower (208 m), par Kohn Pedersen Fox Associates.



L'un des ingrédients de la réussite londonienne est certainement à mettre sur le compte d'une gestion administrative plus autonome : en 2000, la création de la "Greater London Authority" (l'administration en charge des 32 districts du "Grand Londres") et l'instauration de la fonction de "Maire de Londres" a montré que les collectivités locales affranchies de l'autorité de l'Etat ont fait preuve d'une meilleure gouvernance. La décentralisation engendre des capacités stratégiques plus fortes sur les territoires.

Enfin, il est surprenant de voir comment Londres a anticipé sur d'autres villes en matière de mobilité. Le péage urbain instauré pour les véhicules en 2003 (dans un périmètre central de 13 km) à de réelles vertus : la circulation est plus fluide, plus calme, le trafic entrant a diminué de 20 %. Dès sa création, ce péage a encouragé cinq millions de personnes à prendre les transports en commun quotidiennement (soit 10% d'usagers en plus). Les retards causés par les embouteillages ont diminué de 50 %, un résultat plutôt encourageant, sans parler de la diminution du taux de pollution. Une raison parmi beaucoup d'autres d'aller profiter des belles journées du printemps dans la City.

2 commentaires:

Pierre-Jean a dit…

Bigre cela laisse rêveur....
De ton compte rendu et de ce que j'ai pu voir modestement depuis janvier (Madrid, Hambourg et Berlin), je ne peux que regretter l'absence d'audace et d'ambition architecturale à BXL. Il semble triste de constater qu'aucun architecte de renom n'a même (depuis 10ans) ou ne même, ou ne projette dans un avenir proche de construire qq chose à BXL...Pourtant, il y a matière à faire, je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi le projet de Musée de l'Europe ne repose pas sur un geste architectural fort ! C'est assez consternant, l'architecture est ainsi laissée à l'ambition de promoteurs privés dont la soif de profits rapides est inversement proportionnelle au talent architectural. Même l'immeuble Mondrian (primé pourtant d'un Mipip award !) ferait rire à Berlin ou Londres. C'est d'autant plus navrant que les initiatives mixtes privé-public peuvent mener à des réalisations phénoménales comme le projet de Hanfencity à Hambourg avec entre autre une salle de concert Herzog+De Meuron et un musée R.Koolhas...
Quant à l'idée de taxer les voitures en centre ville, c'est sans aucun doute l'avenir des villes, mais en Belgique, il y aurait une solution + simple : mettre fin aux systèmes fiscaux qui favorisent les voitures de sociétés+cartes essences...ce qui à l'ère de l'énergie chère et du réchauffement climatique est une aberration totale !

Stéphane DADO a dit…

La fin des systèmes fiscaux favorisant les voitures de société est sans doute une excellente idée, mais elle ne me paraît pas suffisante. Une diminution drastique du parc automobile au profit du vélo ou des bus, trams, métros, trains, RER plus fréquents, sécurisés, dans des endroits jamais déservis, réduiraient drastiquement les embouteillages routiers, le niveau de pollution, de stress, d'insécurité. La voiture ne peut pas être remplacée partout (les citoyens vivants à la campagne ne peuvent s'en passer à juste titre), mais combien de citadins disposent d'un véhicule sans que ce soit réellement nécessaire. Et que dire de ces familles qui ont au moins deux voire trois voitures là où une seule suffirait. Cette attitude égoïste est finalement à la source des pétro-guerres, des tensions actuelles sur les cours des matières premières, du pillage accéléré des réserves mondiales, du réchauffement climatique, sans parler des conséquences sociales (délinquance, convoitise, expressions individualistes) ou sanitaires (morts par accidents, pollutions sonores et pulmonaires, stress). Tout une série de signes avant-coureurs d'une destruction de la planète par la civilisation de la voiture. Il est temps que nos gouvernements mettent sur pied des alternatives. Elles sont nombreuses. Il s'agit avant tout de voir où sont les vraies priorités sociétales. Je recommande à ce propos la lecture de l'excellent essai de Marcel Robert : "Pour en finir avec la société de l'automobile".