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Liège, Belgium
Né à Bruxelles dans une famille d'origine grecque, turque, albanaise et bulgare. Etudes secondaires gréco-latines. Licence en Histoire de l'art, Archéologie et Musicologie de l'Université de Liège. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation. Ancien journaliste à La Libre Belgique et La Gazette de Liège. Actuellement Chargé de mission développement et médias à l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Directeur artistique-adjoint du Festival des Nuits de Septembre. Enseigne l'Histoire sociale de la musique aux Alumni de l'Université de Liège.

vendredi 14 mars 2008

Israéliennes à la dérive

Les Méduses (Meduzot), premier film du couple Shira Geffen et Etgar Keret (écrivain célèbre en Israël), est un de ces petits bijoux cinématographiques qui, après vision, nous envahit petit à petit par sa force poétique à retardement. Portrait impressionniste de femmes à la dérive, Les Méduses est la chronique fragmentée d'une génération d'Israéliennes murées dans leur silence, leur solitude, leur incommunicabilité, enfermées dans les douleurs de déchirements familiaux passés non cicatrisés. Elles errent, claudiquantes, sans perspective de vie et finissent par se laisser porter à la dérive comme ces méduses échouées sur les bords d'une plage.

Le film croise directement ou indirectement le destin de huit femmes à Tel-Aviv. Celui de Keren d'abord, jeune mariée qui se casse la jambe le jour de ses noces et passe sa lune de miel dans un hôtel pourri alors qu'elle devait de s'envoler avec son époux pour les Caraïbes. Elle découvre très vite les revers de sa prison matrimoniale et le difficile apprentissage de la vie à deux.


Celui d'une écrivaine, voluptueuse et superbe qui, dans ce même hôtel, passe ses journées terrée dans le noir. Celui de la photographe du mariage, virée parce qu'elle préférait prendre en photo des clichés poétiques plutôt que la tronche des invités. Celui d'une garde malade indonésienne qui tente de rapprocher une vieille dame convalescente et acariâtre de sa comédienne de fille (l'incommunicabilité verbale et physique y est totale) alors qu'elle même souffre de ne pas voir son fils de cinq ans resté à Manille. Celui de Batya enfin, jeune serveuse plaquée par son copain qui rencontre une petite fille muette entourée d'une bouée, curieusement sortie de la mer, dont la présence puis la disparition apporte au film une dimension mystérieuse et onirique et qui est la clé d'une oeuvre partagée entre réalité et onirisme.


Les hommes ont peu de place dans ce film. Ils respirent la médiocrité à l'image de ce père adultère qui, incapable d'élever Batya et d'entretenir dans le présent une relation affective normale avec elle la néglige pour se taper des jeunes femmes qui ont l'âge de sa fille. Ils sont également les vecteurs d'une impuissance sociale à l'instar de ce policier chargé des personnes disparues qui construit des cocottes en papier à partir du dossier de ces inconnus partis à la dérive.

Malgré l'économie des moyens, Shira Geffen et Etgar Keret testent les différentes formes de contacts entre ces êtres fragiles qu'ils poussent au bout de leurs traumatismes. Avec au terme de ces chemins, la rédemption pour les unes, la connaissance de soi ou la mort pour les autres.

1 commentaire:

Laurence a dit…

Le cinéma israélien a de bons films ces derniers temps. Il faut voir The Bubble qui décrit la jeunesse de Tel-Aviv isolée par sa modernité du reste du pays. Excellente approche.