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Liège, Belgium
Né à Bruxelles dans une famille d'origine grecque, turque, albanaise et bulgare. Etudes secondaires gréco-latines. Licence en Histoire de l'art, Archéologie et Musicologie de l'Université de Liège. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation. Ancien journaliste à La Libre Belgique et La Gazette de Liège. Actuellement Chargé de mission développement et médias à l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Directeur artistique-adjoint du Festival des Nuits de Septembre. Enseigne l'Histoire sociale de la musique aux Alumni de l'Université de Liège.

jeudi 21 février 2008

Webern de jeunesse : une modernité en puissance



Ecoute en boucle du Quintette pour piano et cordes de Webern. Un choc. Composé en 1907 (un an avant la Passacaille op. 1), ce mouvement unique commence par une phrase souple, sensuelle et capiteuse digne des Liebesliederwalzer de Brahms. La plénitude viennoise est cependant de courte durée : Webern fissure les murs de sa composition. Le désordre tonal s'installe. Pris comme dans une course poursuite, le thème se disloque, finit par voler en éclat et c'est toute la structure porteuse du romantisme tardif qui s'écroule. Un effondrement imaginaire de l'Empire austro-hongrois ? Une mise à mort symbolique de l'héritage brahmsien. Sans doute un peu tout cela.

Le discours repart, fragmenté, murmuré : quelques trémolos joués "sul ponticello" (l'archet presque sur le chevalet), complétés par les accords intermittents d'un piano chétif, fusent comme une apparition. Ils donnent une couleur menaçante et fébrile à cet espace sonore d'un genre nouveau. On croirait que tout le XXe siècle s'apprête à sortir de ces cellules fantomatiques.

Le postromantisme revient pourtant à la surface, très subtilement, comme une conscience qui sort des profondeurs d'un rêve. Les instruments se lancent dans une réexposition qui n'a plus rien d'une répétition ; le thème initial est transfiguré par son séjour dans les abymes, l'écriture se densifie, le contrepoint se resserre comme si Webern voulait faire entrer tout un univers dans une seule mesure. Des pizzicati éclatent brièvement avant le retour de la phrase brahmsienne, plus veloutée que jamais, qui se cherche puis se meurt dans une extase tourbillonnante.

Treize minutes d'une incroyable concentration, de brièveté, de contrastes, d'éclatement mélodique, de silences. Une puissance orchestrale par un effectif réduit. Toute la modernité de la Seconde Ecole de Vienne est là, en attente....

Du tout grand Webern déjà!

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