
Une multitude de questions se posent sur ces deux êtres. Pourquoi sont-ils restés en Afghanistan? Quel a été leur rapport avec le régime des Talibans? Comment sont-ils perçus par la population musulmane? Espèrent-ils un retour des juifs à Kaboul? Dan Axele n'apportent pas la moindre réponse à ces questions, il se contente pour l'essentiel de dresser un portrait assez grotesque des deux hommes.
Au-delà de la belle alitération avec "Kaboul" et du jeu de mot sur "Kabbale", le titre est à lui seul inapproprié. Nulle cabale en soi. Ou alors elle est purement imaginaire mais on ne la montre pas. La caméra filme tout au plus la haine entre les deux juifs, un conflit à prendre avec autant de sérieux que les escarmouches d'adolescentes prépubères. Isaac et Zabulon ne dialoguent que par jurons interposés - "Apostat", "Charogne", "Proxénète", "Sorcier" -, les humiliations qu'ils se font, les insultes qu'ils s'échangent semblent ne pas avoir de motifs valables. On comprend bien vite que la médisance gratuite prime sur le fait avéré. Ces deux-là fonctionnent comme un vieux couple. On en vient à douter du sérieux de leurs différents.

Formellement, le film appartient davantage au genre de la télé-réalité qu'à celui du cinéma réaliste. D'une qualité numérique assez médiocre, l'image s'introduit sans pudeur dans l'univers des deux personnages, elle décortique les petits faits d'un quotidien sans importance. Le cinéaste ne se contente pas de filmer : il est présent comme un témoin et un protagoniste à part entière. Dan Axele dialogue durant tout le long-métrage derrière sa caméra avec Isaac ou Zabulon. C'est par sa présence et ses dialogues que la narration, assez décousue certes, se construit (la grande originalité du film). Curieusement, alors que les développements psychologiques ne sont pas son fort, Dan Alexe offre d'assez beaux regards croisés, de belles actions dédoublées quand Zabulon et Isaac, chacun de leur côté, préparent à manger, égorgent des volatiles pour leurs sacrifices ou font leur course au marché de la ville.
Le moment le plus intéressant du film est indéniablement celui où Isaac est filmé en plein exercice de sorcellerie, en présence d'un couple de montagnards bien crédules : la caméra exerce sa pleine mission de reportage à la croisée de la sociologue, de l'anthropologie et de l'histoire des superstitions. Dan Alexe en tant que protagoniste s'efface, sa caméra a la concentration d'un scientifique en pleine analyse. S'il avait opté d'emblée pour cet éclairage moins caricatural, son film eût été autrement plus réussi...

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