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Liège, Belgium
Né à Bruxelles dans une famille d'origine grecque, turque, albanaise et bulgare. Etudes secondaires gréco-latines. Licence en Histoire de l'art, Archéologie et Musicologie de l'Université de Liège. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation. Ancien journaliste à La Libre Belgique et La Gazette de Liège. Actuellement Chargé de mission développement et médias à l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Directeur artistique-adjoint du Festival des Nuits de Septembre. Enseigne l'Histoire sociale de la musique aux Alumni de l'Université de Liège.

dimanche 24 février 2008

Le César néo-réaliste d'Abdellatif Kechiche

Après le Prix spécial du jury au Festival de Venise, le cinéaste franco-tunisien Abdellatif Kechiche décroche une nouvelle fois le César du meilleur film avec La graine et le mulet. L’œuvre raconte le drame d’une famille magrébine cherchant à s’intégrer dans le tissu urbain de la ville portuaire de Sète. A l’opposé du cinéma bobo prise de tête pour Parisiens des beaux quartiers, avec ses scénarios abscons, ses dialogues creux, ses préoccupations bourgeoises, son pseudo-intellectualisme et ses acteurs narcissiques (Romain Duris et Mathieu Amalric m’insupportent), La graine et le mulet décrit une tragédie du quotidien dans toute sa violence et sa crudité. Le scénario est dépouillé, sans effets spectaculaires, les dialogues sont d’une vérité aux antipodes des films à thèse verbeux qui polluent les salles. Servi par une brochette d’acteurs amateurs (à commencer par Habib Boufares), Kechiche donne la parole à des communautés humbles, aux gens de la rue, trop souvent oubliés ou méprisés par l'intelligensia française et se concentre sur ce difficile devoir qui est celui de vivre. D'un néo-réalisme peu commun, le film est d'une humanité inouïe qui justifie pleinement l'attribution de ce César.



P.S. : En prime, le Doutage des Inconnus, en référence aux quelques commentaires que ce billet du jour à suscité...

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour ce papier, cher Stéphane, vous me donnez très envie de voir ce film!
Marianne

Stéphane DADO a dit…

Chère Marianne,

J'espère qu'il passe encore à Bruxelles. Sa projection à Liège fut plutôt confidentielle, le public préférant un cinéma français pétri aux discours bêtement politiquement corrects et bourgeois. Vous ne serez pas déçue. Le film est long :2h30 avec les coupures (j'espère que la version intégrale sortira en DVD) mais rien ne paraît de trop d'autant qu'il y a un suspens incroyable durant toute la seconde moitié du film. Le restaurant finit par ouvrir, 100 convives sont là, mais, catastrophe, au moment de servir le plat principale, on ne trouve plus la semoule (la graine) emportée involontairement par un des membres de la famille. Comment occuper les invités le temps de la retrouver? Et comment cette famille va-t-elle parvenir à rester solidaire et unie? Tout cela dans une écriture visuelle d'une densité haletante... Vous sortirez de la salle liquéfiée et terriblement émue par la conclusion.

Rocher a dit…

Le film était sorti en France de façon assez confidentielle, il n'était pas programmé dans les grandes salles commeciales, je l'ai vu au Cinéma des Cinéastes, mon "Churchill" ...comme j'avais vu, la Vie des Autres, Emmas Glück, Little Miss Sunshine, Climats ... et tant d'autres.
Une fois de plus les bonnes surprises arrivent quand on les attends le moins ...
Je ne suis pas sûr qu'il soit bien nécessaire pour alimenter une chronique cinéma de déverser hargne et dédain sur une partie du genre humain ...

Anonyme a dit…

Jean-Pierre,
Hargne et dédain : ce sont bien les mots qui viennent à l'esprit en lisant cette chronique.

Un bobo

Anonyme a dit…

Des extraits de la fabrique du souvenir et de l'heure d'été sont passés en radio. C'est poussif. Si c'est ça le cinéma français actuel, c'est affligeant. So

Rocher a dit…

Sophie, si vous vous contentez d'extraits, qui plus est, radiophoniques pour porter un jugement sur une oeuvre cinématographique, fut-elle française, belge, allemande, coréenne, américaine ..., cela me paraît un peu court d'esprit.
Jeanne Moreau, dans son discours pour le Super César qui lui a été remis, a rappelé, appuyée en cela par Beligni, que le cinéma est né en France, et que toute l'oeuvre cinématographique française a été portée par des talents immenses, réalisateurs, acteurs, metteurs en scènes, musiciens, et ce grand élan de création s'est propagé dans le monde entier, d'abord en Europe, avec le cinéma italien et allemand notamment et puis l'oeuvre cinématographique est mondiale et le patrimoine de tous.
Cela dit il est juste et objectif de constater que le cinéma français se porte assez mal et sans aller jusqu'à le flinguer comme il semblerait qu'on se plaise à le faire, oui je le trouve un peu poussif et commercialement complaisant.
Merci donc à Claude Berry son producteur, et à son talentueux réalisateur, pour nous avoir donné du grain à moudre sans passer pour des ânes !

Anonyme a dit…

non mais on hallucine qu'est ce qu'il en connaît monsieur Dado de la vie des banlieues et des pauvres! ça vous va bien de baver sur le cinéma français encore un truc d'intello bourge façon Télérama.
Gary
Saint-Denis (oui le 9.3 !

Stéphane DADO a dit…

@anonyme
Pour avoir vécu au moins deux ans avec ma mère sur les bras avec à peine 500 euros par mois dont 300 euros de loyer, je peux clairement vous dire sans la moindre honte que j'en connais un bout sur la pauvreté, la privation, la faim et que je n'ai aucune leçon à recevoir de votre part!

Je maintiens par conséquent que les films où des bourgeois ont pour seuls problèmes existentiels de choisir s'ils vont passer leur week-end en Bourgogne ou en Normandie, de trouver l'amour par speeddating, de se partager l'héritage d'une mère fraîchement décédée, sont d'une indécence totale...

En prime, j'ajoute au billet du jour un sketch des Inconnus (merci Alain) qui parodie à peine toute la vacuité de ce cinéma français bourgeois.