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Liège, Belgium
Né à Bruxelles dans une famille d'origine grecque, turque, albanaise et bulgare. Etudes secondaires gréco-latines. Licence en Histoire de l'art, Archéologie et Musicologie de l'Université de Liège. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation. Ancien journaliste à La Libre Belgique et La Gazette de Liège. Actuellement Chargé de mission développement et médias à l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Directeur artistique-adjoint du Festival des Nuits de Septembre. Enseigne l'Histoire sociale de la musique aux Alumni de l'Université de Liège.

mercredi 23 avril 2008

Jan Fabre métamorphose le Louvre

Après le Musée des Beaux-Arts d'Anvers, c'est au tour du Louvre de confronter l'oeuvre de l'artiste anversois Jan Fabre aux collections permanentes du musée français (salle des Peintures de l'école du Nord, aile Richelieu). Le dialogue a d'autant plus de sens que les créations de Fabre s'inscrivent directement dans la tradition picturale flamande ou hollandaise. Fabre confronte ses thèmes de prédilection (le mysticisme, la folie, la mort, la résurrection, la putréfaction, la métamorphose, l'argent, le carnaval, la guerre, le sommeil, le corps) aux chefs-d'oeuvre de Van Eyck, Bosch, Rubens ou encore Rembrandt, aux moyens de figures récurrentes comme le scarabée (son insecte fétiche), le hibou (animal de la sagesse visionnaire), le chevalier, les cheveux d'ange et de matériaux comme les rondelles d'os, le sang ou le sperme de l'artiste (ces deux derniers afin de laisser une trace postmortem).

Composée de sculptures, de dessins (dont les fameux Noctures au bic!), d'installations et de vidéos, l'exposition s'ouvre par une statue de Fabre se vidant de son sang la tête écrasée contre une reproduction de Roger Van der Weyden : allégorie remarquable d'un artiste qui, confronté aux grands maîtres de l'histoire, laisse sa vanité à l'entrée de l'exposition.

Les juxtapositions imaginées par Fabre fonctionnent dans l'ensemble remarquablement, les oeuvres du passé sont comme réactualisées par la présence des créations de Fabre. Parmi celles-ci, on ne peut manquer de citer :

Pièce de viande (1997) : une masse de viande dévorée par des centaines de scarabées garde le souvenir de sa forme par le seul attroupement des carapaces d'insectes. Ce jeu subtil de la métamorphose, un des procédés habituels de Fabre est en relation directe avec le Boeuf écorché de Rembrandt qui lui fait face.

Autoportrait en plus grand ver du monde (2008) : l'artiste transformé en ver de terre rampe sur des pierres tombales où sont gravés, en néerlandais, les noms d'instectes et les dates de vie et de mort de grandes personnalités (Sartre, etc.) en clamant dans son plus pur accent anversois que l'artiste est étranglé par la corde de l'histoire. Le ver, symbole de putréfaction et de régénération de la terre, est confronté au cycle de Marie de Médicis de Rubens. Le contraste avec la vanité et l'opulence des tableaux du XVIIe siècle est troublant.



- Sarcofago conditus (2003) : le corps de Fabre allongé à la manière d'un gisant médiéval est intégralement couvert de punaises dorées, sorte de manteau protecteur surnaturel du mort, trône au milieu d'une salle, sous le regard implorant de diverses Vierge. La salle prend l'allure d'une chapelle où l'idée de recueillement et de méditation.



Sanguis sum (2001) : deux agneaux dorés, l'un mort, couché sur une poudre d'os, l'autre vivant, observateur du premier et affublé d'un chapeau pointu et d'un noeud papillon (métamorphosé en un personnage de Carnaval) forment une mise en abîme étonnante avec la splendide Déposition de croix qui les jouxte.



A voir encore, les pigeons en verre de murano, les têtes décapitées de hiboux, le mur de croix et de crânes dévorant de petits animaux, le moine en os, les collages à partir de billets de banque...


P.S. : merci à JPW pour ses photos!

6 commentaires:

Anonyme a dit…

JPW est ravi d'avoir contribué à la mise en images de ce post.
Au-delà de cette exposition il est important de saluer la démarche de la Direction du Louvres d'ouvrir ses salles à des artistes contemporains qui choisiront les écrins pour leurs oeuvres, en 2008 Jan Fabre qui avait déjà roulé son bousier jusqu'en Avignon en 2006 pour un festival de provocations et d'anticonformismes, un ami me raconta devant la cage aux guerriers une chorégraphie tres trash qui avait en son temps bousculé bien des conformismes tout en renouant avec des traditions médiévales.
C'est dés 1947 avec Picasso, puis avec Braque et bien d'autres artistes peintres, plasticiens, photographes que l'art muséal s'est ouvert à l'art contemporain, montrant ainsi qu'il y a un lien indéniable entre la passé et le futur et que l'art s'inscrit dans une continuité qui se nourrit de son histoire.

Vivement 2009 ...

JPW vous bise

Anonyme a dit…

Ah non, pas Jan Fabre, de grâce !!
Je le trouve prétentieux et ridicule, et son oeuvre me répugne.
J'aimerais joindre à ces lignes un petit dessin pêché dans "Le Canard enchaîné" en juillet 2005, dommage que ce soit impossible, je vais vous l'envoyer par mail...
amicalement
Marianne

Stéphane DADO a dit…

Chère Marianne,
S'il y a effectivement beaucoup de provocation chez Fabre, il y a aussi une grande sincérité, beaucoup d'émotion voire du génie dans ses œuvres plastiques. Il convient d'aller de dépasser les préjugés pour goûter pleinement des créations fortes, sensibles et d'une réelle intelligence. Et en plus, c'est beau à voir. Fabre a une nature baroque qui dérange, mais c'est par ailleurs, un esprit d'une très grande profondeur artistique. Vous qui allez souvent à Paris, prenez le temps d'examiner cette exposition. Vous en sortirez surprise... et peut-être ravie...

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup les oeuvres!

Chris

Anonyme a dit…

Quelle horreur !Toujours plus bas hélas.

Stéphane DADO a dit…

De gustibus...