Choc de deux univers sonores hier soir à l'OPL sous la conduite de Pascal Rophé : la Rhapsody in Blue (1924), une Amérique triomphaliste qui se la joue séducteur (avec, cela s'imposait, le très glamour Frank Braley au piano), opposée à Amériques de Varèse (1930), sorte de Sacre du Printemps puissance 10 dont le chaos sonore et la construciton démoniaque portent les séquelles de la crise de 1929... La fin d'un rêve américain... Cette modernité "bruitiste" fascine par ses déflagrations sonores et l'énergie incandescente de ses dernières mesures. Amériques surpasse de loin tout ce que les compositeurs d'aujourd'hui peuvent écrire tant son magma organisé ponctué de sirènes, de "cris de lion", d'une armée de percussionnistes déchaînés (13 en tout) offre une structure à la fois complexe et limpide qui devrait servir d'exemple aux multiples oeuvres difformes d'aujourd'hui... Boulez cultive la perfection formelle mais plonge l'auditeur dans un bain de stérilité émotionnelle. Mantovani, Dusapin, Lindberg peuvent déclencher des coulées de lave incandescente (Exeo), mais leur propos se répète et donc s'essouffle assez vite... Seul Xenakis est parvenu à pousser plus loin les limites de la modernité orgiaque... avec Jonchaies (en 1977) et Lichens (1984, oeuvre d'ailleurs créée par Pierre Bartholomée et l'Orchestre Philharmonique de Liège!!!). Plus de 25 ans se sont écoulés depuis sans qu'aucune partition n'aie pris la relève...
Qui êtes-vous ?
- Stéphane DADO
- Liège, Belgium
- Né à Bruxelles dans une famille d'origine grecque, turque, albanaise et bulgare. Etudes secondaires gréco-latines. Licence en Histoire de l'art, Archéologie et Musicologie de l'Université de Liège. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation. Ancien journaliste à La Libre Belgique et La Gazette de Liège. Actuellement Chargé de mission développement et médias à l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Directeur artistique-adjoint du Festival des Nuits de Septembre. Enseigne l'Histoire sociale de la musique aux Alumni de l'Université de Liège.
4 commentaires:
Bonne chance à cette prise de parole riche et libre.
Ajh j'ai fait le debriefing de la répétition Varèse à laquelle mes élèves ont assisté et bien, tous ont été fascinés (par les percus entre autre) et pour en gros la moitié d'entre eux, cette musique sonnait trop "moderne" à leurs oreilles, certains étaient perdus dans ce volcan sonore ! On m'a demandé si cette oeuvre avait une structure, ou quelles étaient les volontés du compositeur ! Je verrai demain la réaction de l'autre classe présente.
En tts cas une expérience salvatrice à refaire....Tritri
Je m'étonne, Pierre-Jean, que certains étudiants aient déjà l'oreille aussi "conservatrice". En pleine adolescence, on aime au contraire la déferlente de décibels. "Amériques" m'aurait certainement fasciné davantage que le Sacre si j'avais pu l'entrendre à quinze ans. L'expérience est à refaire, aux côtés de Pascal Rophé qui est un remarquable pédagogue.
Moi aussi j'étais surpris par la réaction de certains....
Prochaine étape Wozzeck à la Monnaie en février....
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