Qui êtes-vous ?
- Stéphane DADO
- Liège, Belgium
- Né à Bruxelles dans une famille d'origine grecque, turque, albanaise et bulgare. Etudes secondaires gréco-latines. Licence en Histoire de l'art, Archéologie et Musicologie de l'Université de Liège. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation. Ancien journaliste à La Libre Belgique et La Gazette de Liège. Actuellement Chargé de mission développement et médias à l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Directeur artistique-adjoint du Festival des Nuits de Septembre. Enseigne l'Histoire sociale de la musique aux Alumni de l'Université de Liège.
dimanche 6 avril 2008
Les alternatives au téléchargement gratuit
En matière de nouvelles technologies, le groupe de rock alternatif Radiohead a toujours eu une longueur d’avance. Après avoir proposé le téléchargement de son dernier album In Rainbows, à un prix que chaque acheteur était libre de fixer (seul 30% des internautes a estimé ne rien de voir payer), Radiohead permet cette fois d’acheter séparément sur Itunes les cinq parties qui composent la chanson Nude (la voix de Thom Yorke, la ligne de basse, la guitare, la percussion et la partie électronique). Par l’intermédiaire de logiciels de mixage payants (Garageband dans le cas d'Apple), l’internaute peut ensuite combiner une ou plusieurs de ces parties à de sons nouveaux. Il produit en conséquence des versions remixées ou des œuvres nouvelles et devient un créateur à part entière.
Cette nouvelle manière de s'approprier la musique aura des conséquences évidente sur l'avenir économique de la musique. Face à la standardisation massive du téléchargement gratuit, le droit d’auteur, on le sait, a tendance à complètement disparaître. Alors qu’ils rechignent à mettre quelques euros dans l’acquisition de disques, les adolescents d’aujourd’hui consacrent un budget important à l'achat d’Ipod, de téléphones portables et d’ordinateurs permettant une écoute partout, à toute occasion, de la musique. La gratuité, déjà de mise dans le cas du podcasting radio ou vidéo, a pour effet le développement de toute une économie marchande des objets qui, à la longue, est en train de devenir la source de rémunération principale des artistes. L’entreprise Nokia sera la première à montrer l’exemple puisqu’elle prévoit de lancer dans les mois qui viennent un téléphone portable qui permettra à chaque acheteur, via son abonnement, d’accéder gratuitement, pendant un an, aux titres de tous les artistes du label Universal. Face à cette offensive sans précédent, Itunes prépare une riposte similaire sur son site. Il est clair que les enjeux économiques liés à l'achat de ces supports sont tels qu’ils incitent stratégiquement à couvrir l’indispensable rémunération des artistes. Le développement de logiciels de mixage et, avec Radiohead, la commercialisation des parties séparées d’une œuvre vont non seulement contribuer à faire de chaque consommateur un artiste en acte mais surtout engranger, par l’achat de ces logiciels, une masse d’argent nouvelle qui compensera l’effondrement du marché du disque.
On peut ainsi se dire que dans les années qui viennent, le téléchargement gratuit de la musique ne sera bientôt plus un problème : le développement de sources de financement alternatives permettra une résolution juridique du téléchargement illégal, il signifiera une libre circulation totale de la musique, démocratiquement mise à la portée de tous sans que cela n'affecte les artistes, il brisera le commerce illicite de la copie pirate.
Reste à savoir comment le monde de la musique classique peut trouver ses repères dans cette évolution technologique. Si les impératifs de vente disparaissent au profit d’une plus grande diversité des répertoires et de l’exhumation d’œuvres jugées trop pointues, ce sera un gain évident pour le consommateur. Les grandes majors n'auront plus d'excuses pour faire preuve d'une audace artistique qui leur fait actuellement défaut.
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