Créée en mai 2006 dans le magnifique Jungendstiltheater de Vienne, lors des Wien Festwochen, la mise en scène de Sellars est une réflexion passionnante sur la condition d'esclavage dans la société contemporain. Qui sont les esclaves d'aujourd'hui? Et quels sont les tyrans qui les exploitent? Partant du livret mis en musique par Mozart, Sellars transpose adroitement cette fable sur la tyrannie dans un atelier de confection clandestin au milieu duquel des illégaux subissent les malveillances de leur employeur. L'un des coups de génie de Sellars est d'avoir utilisé pour les interventions chorales de véritables clandestins de nations diverses, directement en phase avec la terrible réalité sociale que véhicule l'ouvrage.
Transcendé par la direction de Langrée (qui, à part René Jacobs et John Eliot Gardiner, peut diriger Mozart avec une telle force exacerbée, avec une attention aussi poussée pour chaque détail, avec autant de subtilité dans le choix des couleurs, autant de vivacité dans les rythmes, autant de fluidité mélodique?), l'opéra incorpore - un choix très pertinent du metteur en scène face à cet ouvrage inachevé - les interludes symphoniques de Thamos, autre chef-d'œuvre mozartien négligé par les théâtres lyriques. L'ajout de ces parties instrumentales donne à Zaide un éclairage particulièrement tragique plus proche de la violence d'Idomeneo que de L'Enlèvement au Sérail auquel il est trop souvent comparé.
Ceux qui n'ont guère la possibilité de voir ce superbe spectacle au Théâtre de l'Archevêché peuvent le visionner en accès libre sur le site de France 3, du 28 juin au 25 juillet : (http://www.france3.fr/).
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