Juillet 1993. Deuxième voyage en Turquie. Découverte de la côte ionienne aux côtés de ma mère. Nous ne parlons pas un mot de turc mais l'aventure est totale. Je tiens des carnets de route. Je retombe aujourd'hui sur l'un deux et me rappelle des souvenirs, des lieux et des visages oubliés, je retrouve quelques croquis d'églises en Cappadoce, quelques poèmes écrits les soirs de mélancolie.
Dont ces lignes sur Ephèse que je relis avec nostalgie.
Usurpée, cette terre de nos ancêtres s'est vengée.
Ce pays s'est fait aussi dur que le silence.
Il serre dans la lumière ses vignes,
Et ses oliviers sont orphelins.
Les mamelles d'Artémis se sont flétries,
Fendues comme les sillons des dalles embrasées.
Jean devait combattre le paganisme.
Les missionnaires d'un faux dieu ont triomphé de lui.
Cette patrie blasphémée serre les dents.
Il n'y a plus d'eau. Seulement de la lumière.
Des torrents de lumière qui aveuglent la raison.
Les sept dormants sommeillent à jamais,
Sous le marbre, unique ombre de leurs enclos.
Qui êtes-vous ?
- Stéphane DADO
- Liège, Belgium
- Né à Bruxelles dans une famille d'origine grecque, turque, albanaise et bulgare. Etudes secondaires gréco-latines. Licence en Histoire de l'art, Archéologie et Musicologie de l'Université de Liège. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation. Ancien journaliste à La Libre Belgique et La Gazette de Liège. Actuellement Chargé de mission développement et médias à l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Directeur artistique-adjoint du Festival des Nuits de Septembre. Enseigne l'Histoire sociale de la musique aux Alumni de l'Université de Liège.
6 commentaires:
Merci, cher Stéphane, pour ce bel article sur Ephèse ! je viens de me replonger dans son histoire si riche et si complexe, grâce à vous.
Amicalement
Marianne
Merci à vous. Je lis régulièrement votre blog depuis votre commentaire sur l'expo Paul Klee (que j'ai beaucoup aimée). Et ce soir, Ephèse... souvenir intact de ma promenade là-bas, en 1994... Très forte chaleur, pas loin du malaise, et le sentiment délicieux d'avoir vécu là, dans une autre vie... Bien amicalement, Valérie, from Lille.
Tout le plaisir est pour moi chère Marianne, l'histoire d'Ephèse est incroyablement riche, et je n'ai même pas abordé la question du Concile.
Merci également à vous Valérie, j'ignorais que je vous comptais parmi mes lectrices régulières, n'hésitez surtout pas à écrire d'autres commentaires, cela fait plaisir de savoir que tout ce travail de rédaction n'est pas inutile... Oui les chaleurs turques sont oppressantes, mais ce n'est rien en comparaison du désert syrien (Doura Europos ou Mari sont des fours en plein air).
Bonsoir Stéphane, oh non ! Vos rédactions ne sont pas inutiles. Je vous lis très régulièrement et j'apprécie grandement la culture et l'ouverture qui jalonnent votre blog. Je n'osais vous écrire ... merci de votre simplicité, et à bientôt !
... Musicalement, une profonde tristesse ces jours-ci, avec la terrible disparition du génial pianite Esbjörn Svensson du trio de jazz E.S.T. Valérie (de Lille, ville qui n'était ce matin qu'une mare d'urine, il paraît que cela s'appelle la fête de la musique !)
Musique et alcool font parfois bon ménage ("Ô vin dissipe la tristesse" chante Hamlet dans l'opéra homonyme d'Ambroise Thomas) avec les fuites urinaires que cela provoque. Dans le centre de Liège, il existe une zone fêtarde appelée le "Carré", qui tire son nom du carré de rues à bistrots où une jeunesse universitaire s'imbibe des nuits entières d'alcools les plus divers que l'on retrouve, le petit matin sous la forme de ruisseaux jaunâtres. Est-ce la raison pour laquelle Baudelaire considérait que la bière belge était une boisson ingurgitée deux fois... Toujours est-il que, malgré les odeurs, l'endroit est fort sympathique... Cela doit être un peu pareil pour Lille (que j'adore et visite régulièrement). A propos, j'ai connu une Valérie (et une Sophie, et un Philippe) en 1993 ou 1994 dans un hôtel en bordure de mer non loin de l'horrible Bodrum... Ce ne serait pas vous?
J'étais à l'été 94 dans une petite pension non loin de Bodrum. Mais point de Stéohane, ni Sophie, ni Philippe dans mon entourage. Entre baignades avec petits poissons et tasse de thé, j'aurais été ravie de discuter avec vous !
Enregistrer un commentaire