La superbe rétrospective (150 photos) que propose en ce moment la National Portrait Gallery de Londres fait le point sur cette création. Elle démontre que la photographie de mode a enfin acquis le statut d'oeuvre d'art qui lui a longtemps été refus, qu'elle fait partie de notre histoire culturelle et constitue un fond iconographique primordial pour comprendre l'histoire des mentalités du XXe siècle (certains clichés font d'ailleurs déjà partie de notre inconscient collectif).
L'exposition couvre les deux périodes de Vanity Fair : de 1913 à 1936 (date à laquelle la revue s'interrompt suite à la "Great Depression" qui vit le déclin progressif des revenus de la publicité dans les années trente, Condé Nast décidant alors de ne garder que Vogue) et de 1983 à aujourd'hui. Il est clair que la sélection a dû être difficile.
De toute évidence, le choix s'est fait à partir de trois critères : ont été retenues, d'une part, les photos qui laissent transparaître pleinement la personnalité de leur modèle (notamment les superbes portraits de Virginia Woolf, Irving Berlin, Igor Stravinsky, Greta Garbo, Sean Connery, Jessye Norman, Nicole Kidman), d'autre part celles signées par des grands noms de l'histoire de l'art (Man Ray, André Kertész, Robert Mapplethorpe), enfin celles des collaborateurs attitrés du magazine dont la griffe artistique est incontestable. Parmi eux, on ne peut manquer de mentionner :
- le Baron de Meyer, premier photographe en chef de Vanity Fair dès 1913 auquel on doit notamment un superbe portrait de Charlie Chaplin, et un de Nijinski;
- Edward Steichen, photographe du magazine durant les années 20 et auteur de merveilleuses photos de Greta Garbo, Anna May Wong, Colette, Isadora Duncan;
- Mario Testino et Harry Benson pour la période contemporaine. Le premier comme portraitiste de Lady Di ou Madonna (en Evita), le second a laissé, entre autres, cette image inoubliable du couple Reagan;
- Last but not least, l'admirable Annie Leibovitz, photographe en chef du magazine depuis 1983, dont les oeuvres extrêmement composées, complexes et néanmoins glamour sont de véritables classiques de la culture américaine contemporaine. Legends of Hollywood (2001, réalisée en trois fois pour une question de disponibilité des actrices) est une des images les plus fortes de cette admirable exposition.
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