Pour la première fois depuis mille ans, quatre femmes ont pénétré dans le sanctuaire des monastères du Mont Athos, en Grèce du Nord. Il s'agit d'immigrées clandestines moldaves arrivées sur la "montagne magique" par hasard sans savoir que ce haut-lieu de l'orthodoxie (le dernier bastion d'un mode de vie apparu au IIe siècle et quasi disparu, l'érémitisme, représenté notamment par la communauté cénobitique) était interdit aux femmes comme aux femelles de quelque espèce que ce soit (à l'exception des poules dont les œufs frais sont utilisés en cuisine et pour la fabrication des peintures d'icônes, et des chattes).
Les quatre femmes ont été placées en détention au poste de police de la péninsule. Comme beaucoup de migrants qui souhaitent gagner l'Union européenne en passant par la Grèce, elles quitté la côte turque à bord du bateau à moteur de deux passeurs Ukrainiens qui les ont laissés au Mont Athos (accessible seuleument par la mer), après avoir payé 4000 euros chacun pour gagner le port turc de Çanakkale, dans le détroit des Dardanelles.
Le Mont Athos est un territoire autonome qui abrite vingt monastères chrétiens orthodoxes, le plus ancien datant du Xe siècle. Jacques Lacarrière a relaté dans L'été grec son expérience passionnante auprès des moines athoniens au début des années 50. L'interdiction de la présence femelle est inscrite dans la Constitution grecque et l'enfreindre est passible d'un an de prison. D'autres coutumes d'un autre âge subsistent dans ce haut lieu sacré : le port de la barbe est obligatoire, il est interdit de montrer la moindre parcelle de son corps, les miroirs sont strictements prohibés.
La rumeur veut que des femmes habillées en hommes se soient introduites au Mont Athos par le passé afin de braver l'interdit. Plusieurs organisations féministes militent aujourd'hui pour la levée de cette acte scandaleusement sexiste.
Qui êtes-vous ?
- Stéphane DADO
- Liège, Belgium
- Né à Bruxelles dans une famille d'origine grecque, turque, albanaise et bulgare. Etudes secondaires gréco-latines. Licence en Histoire de l'art, Archéologie et Musicologie de l'Université de Liège. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation. Ancien journaliste à La Libre Belgique et La Gazette de Liège. Actuellement Chargé de mission développement et médias à l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Directeur artistique-adjoint du Festival des Nuits de Septembre. Enseigne l'Histoire sociale de la musique aux Alumni de l'Université de Liège.
2 commentaires:
Je peux témoigner d'une expérience similaire très près de chez nous puisqu'il suffit de traverser la frontière belgo-luxembourgeoise. En effet le père-abbé de Clervaux défend jalousement l'accès de la tribune d'orgue aux femmes, fussent-elles organistes. Je n'ai pas de droit d'entrée à l'orgue Cavaillé-Coll de l'abbaye car il faut passer par le cloître pour y accéder. Je donne des cours de piano à Clervaux, des concerts à l'église décanale, connais personnellement le titulaire mais rien ne peut lever l'interdiction. Pourtant au Mexique, je me suis régulièrement retrouvée avec des religieux de sexe masculin, il n'y que des regards de sympathie lors de mon passage et les moines sont restés en paix car je ne m'intéressais qu'aux orgues. Apparemment il y a moins de tolérance en Europe!
Qu'à cela ne tienne, je continuerai de proclamer la stupidité et l'hérésie de telles interdictions. Fait amusant, mon hôte mexicain à qui je faisais visiter Clervaux a pu voir l'instrument mais je n'ai pas pu l'accompagner. Ridicule, isnt-it?
femmes ont été interdites de scène de façon quasi-continue de 1676 à 1823. Les rôles féminins, considérés comme moins intéressants étaient même confiés à de jeunes castrats inexpérimentés, c'est tout dire...
Les castrats disparus, ce sont les femmes qui nous offrent désormais les plus belles interprétations de ces rôles, une juste revanche dont on ne se privera pas...
Dans les orchestres aussi ces dictatures phallocrates existent (Vienne est un exemple célèbre).
Et que dire de ce nombre de femmes très limité admis dans le monde ultra-machiste des chefs d'orchestre. Fort heureusement, les mentalités changent grâce à des Marin Alsop ou des Emmanuelle Haïm, entre autres, qui n'ont rien à envier à leurs collègues masculins.
Alors au diable les infâmes pères-abbés de Clervaux oo d'ailleurs qui ne méritent que notre mépris collectif et une bonne excommunication pour leur imbécilité suprême!
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